Depuis les années 1920, les constructeurs français et européens se battent à coup de chronomètres sur les anneaux de vitesses crées au cour de cette décennie.
Cette compétition perdure sur plusieurs décennies mais a connu son heure de gloire dans les années 1930 avec des modèles à la fois puissants et aérodynamiques.
Chez Citroën, on retient surtout les Rosalie des records financées par Yacco, mais il existe également une autre Rosalie des records, bien moins connue : la Rosalie Spido !
Dans les années 1930, les mécaniques sont encore fragiles et les lubrifiants mécaniques sont peu performants. Cependant, les fabriquant d’huiles innovent. Yacco met ainsi au point une « Huile Sport » dont il fait la promotion en finançant de nombreux records de vitesses, notamment avec Citroën et son modèle Rosalie avec lequel l’équipe va battre 85% des records mondiaux.
En face, les concurrents de Yacco réagissent à leur façon... l’un d’eux est la société « A André et Fils » plus connue sous le nom des « Huiles Spidoléïne ». Cette dernière ne souhaite pas se faire écraser par Yacco et veut démontrer les qualité de son huile pure : l’huile BR Sport.
Débute alors une campagne commerciale à coup de slogans, Spidoléïne vend son huile comme « l’aliment idéal du moteur » au cours du salon de l’automobile de Paris 1933. Mais c’est surtout sur les pistes que la marque va tenter de s’illustrer avec une Citroën Rosalie pour essayer de prendre quelques records !
Cette Rosalie, c’est une 15CV AL (Légère) à moteur six cylindres de 2.722cm3 qui reçoit une carrosserie profilée réalisée par Clément Kelsch, célèbre carrossier ayant son atelier à Levallois-Perret et qui avait pu officier par le passé aux 24 heures du Mans ou à la réalisation de carrosseries de voitures de records dans les années 1920.
A moteur égal, cette carrosserie aérodynamique intégrale permet un gain de vitesse de 25km/h par rapport à la carrosserie « usine » de la Rosalie.
La Rosalie Spido est ainsi réalisée courant 1932/33, et s’aligne sur la piste de Linas-Monthléry le 19 Mars 1933. L’objectif est de s’attaquer aux records internationaux de Classe D (moteurs de 2 à 3 litres) afin de réaliser des records de vitesse moyenne sur de longue distance, des records que venait d’établir les Huiles Yacco. La voiture s’élance avec une équipe de six pilotes âgés (50 ans de moyenne) mais expérimentés. Toutefois, cette tentative ne dure à peine plus d’une demie journée, la voiture s’immobilise à cause d’une panne…
Il en fallait plus pour décourager les acteurs de ce projet, la voiture reprend la piste le 21 Mars, les pilotes se relayent toutes les 4 heures. Le premier jour, la voiture couvre 2.877km, elle bat le lendemain trois records : les vitesses moyennes sur 4.000km, 5.000km et 3.000 miles. Le troisième jour, trois nouveaux records tombent : les 4.000 miles, 5.000 miles, la vitesse moyenne sur 72h…
Mais le 29 Mars 1933, la voiture connait un accident causé par un accrochage avec une autre voiture, en effet, malgré la tentative de record, la piste n’était pas fermée au public. Un pilote maladroit est reparti sur piste sans voir la Rosalie Spido arriver sur lui à 120km/h… la Spido fit deux tonneaux et tombe derrière l’anneau de Monthléry. Le pilote est quitte pour une grosse frayeur et s’en sort heureusement bien. La tentative de record est donc interrompue après avoir battu 16 records internationaux.