Bonjour à tous,
Un grand Merci au Seigneur Lancelot pour avoir enrichi ce sujet Bugatti, de magnifiques photos avec de "beaux objets".
Je vais aujourd'hui "moi aussi", vous faire remarquer une "autre" similitude entre nos modestes 23 et ces prestigieuses voitures.
En regardant les photos de la relique type 22, j'ai remarqué que celle-ci possédait des instruments de marque OS, la même marque que le bloc compteur qui se trouve sur mon modeste 23 !!!!!!!!!!, j'ai plusieurs fois posé des questions sur cette marque, mais j'ai eu peu de réponses. Je savais simplement que ces appareils étaient fabriqués par les Ateliers Seignol.
J'ai trouvé plus de détails sur cette marque et je vous fait partager ci-dessous une petite littérature au sujet de ces instruments de mesure.
Sans entrer dans les détails de ma vie, je suis passionné par l'histoire industrielle et par la mécanique, il faut savoir que les grands principes de la mécanique ont été découverts bien avant l'invention du moteur à explosion, "la mesure du temps" avec l'industrie horlogère connaissait depuis longtemps les lois des engrenages, des ressorts, des différentiels, et............ des échappements, mais un peu différents. ( c'est une blague
!!!!! ).
Alors pour ceux qui pensent encore que les 2 lettres qu'ils voient à l'intérieur de leur volant veulent dire Obsédé Sexuel, ou, Oh !! Seigneur, priez pour moi sur cette route dangereuse !!, je vais éclairer leurs lanternes.
Nota, je place des photos pour éviter les endormissements, c'est un peu long mais c'est la grande histoire de la mécanique et de l'automobile...........................c'est aussi un salut à ces génies du passé, "l'Oeuvre reste", disait un certain Monsieur Citroën..............
Ce texte n'est pas de moi, il est de Thomas, l'administrateur du site Hotchkiss, pour rendre à Cesar ce qui est à Jules. Le lien vers cet article est en bas de ce message !
Salut à tous, bonne lecture et surtout, n'hésitez pas à enrichir ce sujet .......
Adrien
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Je vous fais part ici de ce qui demeurait un mystère pour moi au sujet des odotachymètres de la marque O.S. et dont le principe repose sur le brevet déposé par le Strasbourgeois Otto Schulze à l'Office Impérial des Brevets (Kaiserliches Patent Amt) en 1902. Je m'étonne qu'aucun magazine français n'ait fêté le centenaire de cette invention en 2002, tombée dans le domaine public 15 ans après son dépôt (20 ans aujourd'hui) et qui est toujours employée de nos jours sous la forme initiale. En tous cas beaucoup de sites allemands, anglais sont unanimes pour reconnaître l'antériorité au brevet d'Otto Schulze qui n'a jamais été, pendant sa période de validité ou plus tard, contesté lors d'une action en déclaration de nullité de la part d'un concurrent ou d'un contrefacteur présumé ou avéré.
J'avais bien raison, la marque française O.S. dont les produits sont fabriqués en France par les Ateliers Seignol est une émanation de notre réputé Strasbourgeois Otto Schulze. Si les Ateliers Seignol n'avaient été qu'un distributeur, les publicités de l'époque des bi-mensuels sur l'automobile se faisaient un plaisir de désigner ces maisons comme des "stockistes". Le magasinage était un concept plus fort que celui de "distributeur". C'est par le biais de l'Allemagne que je vous livre l'information. Évidemment une région comme l'Alsace, "abandonnée" pour les uns de la rive gauche et annexée pour les autres de la rive droite du Rhin, savait pratiquer dans le quotidien ce qui fait de nos jours la grande Europe. Otto Schulze (francisé dans les esprits en O.S., Oscar Seignol, dans la France amputée de l'Alsace-Lorraine ?) a donc déposé sont brevet devant l'Office impérial allemand, devant l'Office national français et devant l'Office anglais, et sans doute dans d'autres pays de l'Europe. Évidemment, à la différence d'aujourd'hui, il fallait pour l'inventeur introduire une procédure unique de dépôt devant chaque Office correspondant au pays choisi. Aujourd'hui la procédure de dépôt d'un brevet européen est centralisée et uniforme, avec un dépôt vous désignez les pays que vous élisez en cochant les cases correspondantes.
Vous pouvez voir sur le cadran de l'instrument, les mots "km" et "Odotachymètre", puis D.R.P. (Deutsches Reichs Patent, brevet de l'empire allemand), B.s.g.d.G (Brevet sans garantie du gouvernement), et Patented en anglais.
En tous cas, la marque représentée par le nom patronymique de l'inventeur Otto Schulze a aussi été déposée par cet inventeur en Allemagne et pour l'enregistrement de la société détentrice de la licence de production et des droits de distribution de l'indicateur de vitesse pour automobiles portant la marque française O.S. (pour Otto Schulze en réalité). Ce qui est intéressant, c'est que ce produit fabriqué et distribué en Allemagne était en tous points identique - au niveau de la forme, des matériaux, de la dimension, du travail de surface et d'apparence esthétique - au produit français fabriqué et distribué en France par les Ateliers Seignol (voir ci-dessous mes images). Ceci signifie que l'odotachymètre "O.S" était aussi protégé comme modèle esthétique ou comme dessin protégé. Il est simple de comprendre qu'une forme, représentant la concrétisation matérielle d'une invention, doit aussi être déposée par l'exploitant titulaire du brevet ou d'une licence. Il faut bien se protéger des contrefacteurs à tous les niveaux.
J'en veux pour preuve le site de la grande marque allemande de l'équipementier VDO Siemens. Et ici, nous pouvons constater que cette marque qui équipe tout au moins toutes les automobiles allemandes ou produites par les groupes allemands comme VAG (VW, Audi, SEAT, Skoda… Bentley, Lamborghini, Bugatti) possède un VDO. C'est en 1921 que la SARL, la société à responsabilité limitée OSA Apparate GmbH a été fondée à Francfort. La raison sociale OSA signifiait tout simplement Otto-Schulze-Autometerwerke (OS usine pour appareils de mesure pour l'automobile). Il est intéressant qu'en Allemagne les lettres OS étaient les initiales d'Otto Schulze et qu'en France OS étaient les initiales d'Oscar Seignol.
Pour des raisons de droits des marques et d'antériorité avérée d'une marque allemande voisine, OSA avait dû se transformer en OTA en 1925. Cette maison avait pris en 1928 une participation majoritaire chez le concurrent berlinois, la Deuta Werke. Cette nouvelle société prit le nom de VDO Tachometer AG - Vereinigte Deuta OTA. (AG = SA, et "vereinigte" = réunis). Le groupe VDO avait poursuivi seul ses activités pour n'être rejoint qu'en 1992 par Mannesmann Kienzle. Le groupe Mannesmann VDO AG fusionna en 2001 avec Siemens pour donner la Siemens VDO Automotive AG. C'est ainsi qu'encore aujourd'hui la lettre "O" de ce grand groupe est celle du prénom du Strasbourgeois Otto Schulze. Ainsi en chaque automobile s'éveille un strasbourgeois qui vous surveille! Qui l'eut cru? Cela change des choucrouteries de Plantu et du journal Le Monde.
En annexe vous trouverez deux images du site VDO Siemens qui mettent en avant la vieille technologie et la nouvelle du "tout électronique". Mais même dans ce "tout électronique" un capteur à effet Hall est utilisé, ce qui reste en filiation avec les forces de Foucault mises en œuvre depuis l'origine pour la réalisation des compteurs tachymétriques.
J'ai trouvé dans "La Vie Automobile" du 11 Août 1906 l'exposé du second brevet délivré à Otto Schulze. Otto Schulze, 1er prix du concours Rothschild des odotachymètres. Il faut souligner qu'en 1906 un journal français ne cachait pas le nom Otto Schulze et que O. Seignol s'est (a été) imposé plus tard dans l'usage courant. En voici des extraits:
"L'odotachymètre est un appareil reconnu aujourd'hui fort utile au chauffeur destiné à indiquer simultanément la distance parcourue et la vitesse instantanée, il simplifie en tenant lieu de deux instruments différents: l'odomètre, le tachymètre. Mais si cette simplification est complète en ce qui concerne la transmission, elle n'est qu'apparente dans la plupart des cas en ce qui concerne l'instrument, proprement dit, qui doit combiner de façon aussi élégante que possible, le mécanisme d'enregistrement du chemin parcouru, avec celui de l'indicateur de vitesse.
Dans le premier cas, la formule est trouvée et s'est généralisée: dans tous ou presque tous les appareils usuels, c'est le principe classique du compte-tours qui est appliqué; dans le cas de l'indicateur de vitesse, la solution est moins nette et l'on peut avoir à appliquer trois principes différents suivant que l'on a recours à des dispositifs mécaniques, électriques ou magnétiques.
A l'encontre des dispositifs mécaniques, les lois de l'électromagnétisme fournissent des solutions d'une simplicité matérielle enfantine et nous prendrons pour exemple l'appareil Otto Schulze, qui a obtenu le premier prix lors du récent concours d'odotachymètres institué par M. de Rothschild.
L'appareil Otto Schulze utilise les effets d'induction que les électriciens désignent sous le nom de courants de Foucault…./…
Dans mon précédent article, je vous ai expliqué de manière simple le principe. Nous n'y reviendrons pas.
Un simple coup d'œil jeté sur le croquis fait remarquer l'extraordinaire simplicité mécanique du dispositif. Indéréglable, sensible, précis, naturellement amorti, cet appareil possède toutes les qualités qu'on peut exiger d'un instrument de ce genre; un compteur kilométrique, avec deux totalisateurs, l'un général allant jusqu'à 10000 kilomètres, l'autre journalier allant jusqu'à 1000 kilomètres, complète l'appareil en fournissant l'indication du chemin parcouru. La transmission du mouvement de la roue à l'arbre A se fait par deux poulies et un flexible. Les poulies, dont les diamètres respectifs sont calculés d'après la démultiplication de la voiture, sont reliées par une courroie élastique constituée par un ressort à boudin de grande longueur et faible diamètre; l'adhérence est ainsi toujours assurée, et le glissement, dont il est d'ailleurs tenu compte dans le réglage de l'appareil, pratiquement nul".
Ayant eu assez de voitures, j'ai observé que les compteurs de tout genre étaient signés "O.S". L'article de 1913 que je vous poste ici dit que O.S est au tachymètre, ce que Michelin est au pneu et Panhard à l'automobile. Une reconnaissance implicite et explicite de l'antériorité d'Otto Schulze est bien faite dans l'article de 1913. Le sens subliminal de cette laudatio pour les compteurs de la marque O.S. est celui-ci: Automobilistes français! Vous pouvez vous équiper d'un compteur O.S., vous serez pénétré de l'esprit de la France. Ceci permettait de cacher que la marque et les produits O.S sont donc bien issus d'Otto Schulze. La maison Seignol n'a débuté la production et la mise sur le marché de ses produits qu'avec les instruments brevetés, produits et commercialisés par Otto Schulze en Allemagne dans son entreprise OSA Apparate GmbH après qu'il ait quitté sa "patrie annexée", l'Alsace. Mais comment Otto Schulze a donc créé vers 1908 tout un site industriel sur le sol français en créant la marque "Seignol"? Otto Schulze avait-il fuit la grande occupation allemande de 1970 à 1918 pour s'installer à Paris ou avait-il pris des participations dans le capital d’établissements dans la zone industrielle parisienne? Vous avez un début de réponse en fin de mon exposé.
L'exposé de 1906 du brevet impérial du Strasbourgeois d'Otto Schulze indique bien les lettres "O.S", que l'on retrouve par la suite sur les publicités de 1913 à 1925. D'abord le produit est vanté et le siège de la société "O. Seignol" est juste mentionné en bas de page. Puis "l'atelier Seignol" est avancé en 1923 comme un moment d'identification de la marque déposée et comme un des accessoires de cette marque. Sous les mots "Ateliers Seignol" nous pouvons lire selon les parutions les mots: Robustesse, ou bien tour à tour Précision, Lisibilité, Présentation. Il est intéressant de voir que dans les publicités "O.S" la référence "Seignol" s'agrandit considérablement et la disposition de ce mot migre du bas à gauche de la publicité au centre de la publicité, au dessus du nombre d'or, là où l'œil est le plus attiré. J'ose m'imaginer que plus la concurrence des établissements "Jaeger" ou "Stewart" se font voir dans les périodiques en pleine page avec leurs marques en toutes lettres, plus les mots "Seignol" ou "Atelier Seignol" s'agrandissent. Pourtant en 1923 la maison OS compte déjà 15 années d'exercice confirmées par un réel succès et une bonne pénétration du marché.
Mais l'article de 1906 de la Vie Automobile ci-dessus passe sous silence en 1906 que l'Alsace est toujours "une province perdue", le "pays" de l'inventeur Otto Schulze n'y est pas mentionné, alors que ce bi-mensuel se fait toujours un plaisir de mentionner la nationalité, la ville et le domicile de l'inventeur ou le siège de sa maison. Il est évident que le problème du dépôt des brevets d'invention se faisait à chaque fois ressentir en Alsace, car ces brevets ont été déposés pour un pays. Mais pour lequel, au juste? Cette situation est aussi grave que le change de la monnaie courante en Alsace, qui prenait une autre souveraineté nationale au gré des militaires et des politiciens. La monnaie perdait à chaque fois 90% de sa valeur initiale. Et de 1869 à 1945, l'Alsace avait donc connu 5 transferts de nationalité, avec la question épineuse de la validité des brevets nationaux et l'énorme perte au change. L'Alsace perdait donc toujours tout en double.
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