Si Flaminio Bertoni est encore considéré aujourd'hui comme un génie solitaire, il a subi comme tout créatif nombre d'influences durant sa carrière.
Et celle de Raoul Raba (de son vrai nom Henriques-Raba) n'est pas des moindres.
Après une première collaboration ponctuelle en 1946 sur le programme VGD, Raba intègre finalement le bureau d'études automobile (BEA) de la Rue du Théâtre en 1960.
Son profil est hors norme puisque ce surdoué de sculpture a décroché le grand prix de Rome en 1955.
Un talent et un style parfois baroque qui “colle” avec l'esprit de Bertoni, puisque, comme le précise Henri Dargent dans ses mémoires, le maître des lieux dénigre le dessin et exige de travailler directement en volume sur les plâtres.
En l’espace de deux ans, Raba va mettre sa patte sur nombres de projets au “Bocal” : c'est lui par exemple qui définit le style du projet C, la C60.
Sur le projet AP, modèle qui précède la F, il est également à l'origine des portes coulissantes suspendues par des brancards.
Sur la DS, il travaille sur le nouveau tableau de bord. Enfin, il réalise les esquisses préliminaires du Belphegor (projet N puis P).
Autant d'études que l'on attribue trop facilement à Bertoni voire à Robert Opron (cf le livre de Peter Piljman).
Pourquoi le nom de Raba n'est pas passé à la postérité dans l'histoire du Style Citroën ?
Tout simplement parce qu'entre un Bertoni, aussi intransigeant qu'irascible, et un Raba au caractère également bien trempé et à l’esprit libre, il y aura durant ces deux années de nombreuses étincelles.
D'autant plus que le temps partiel au 4/5e que ce dernier a négocié pour s'adonner à son art lui sera ouvertement reproché par Bertoni, qui lui, ne compte pas ses heures…
Lassé de ces tensions permanentes, Raoul Raba finira par donner sa démission en janvier 1962, abandonnant du même coup le secteur automobile.
Et qui lui succèdera en septembre de la même année ? Un dénommé Robert Opron…