Les chemins de fer à voie normale aiment le matériel lourd, robuste !
Que l'on songe à la masse d'une locomotive à vapeur... Alors qu'est ce qui a bien pu pousser notre société nationale à adopter la petite fourgonnette Citroën aux tôles ondulées si frêles ?
C'est la région Sud-Ouest de la SNCF qui retient la 2 CV pour assurer des tournées de contrôle sur ses lignes de montagne.
Ces 2cv doivent remplacer des "motorails" au confort et aux performances plus que précaires.
Plusieurs exemplaires (5 ? 6 ?) sont commandés chez Citroën au milieu des années 50.
Modifiées par l'Atelier de Brive, chargé de la maintenance du parc des draisines de la SNCF, ces 2 CV y reçoivent leurs roues ferroviaires qui dépassent un peu des ailes pour correspondre à l'écartement des voies de 1,435 m du réseau français.
Un cric est monté à demeure sous les automobiles pour permettre leur changement de sens de marche à un endroit quelconque de la voie.
Le volant est conservé mais, fixe, il ne sert plus que de repose-mains.
La robe grise d'origine laisse place à la livrée "draisine" rouge vermillon et crème, similaire aux autorails et l'immatriculation est portée en lettres noires sur une plaque blanche peintes sous la fenêtre du battant droit de la double porte arrière de chargement.
À l'époque, la plaque minéralogique des 2 CV fourgonnettes est au-dessus de cette double porte, en position centrale
8 mai 1969 au matin, la "2 CV draisine" de Laroquebrou est garée sur voie de service en gare de `Laval-de- Cère.
Elle a été vue au même endroit l'année suivante, mais sa réforme sera prononcée au cours des années 70.
(Photo : jean Tournoi)
Ci-contre : Avant les "2 CV, le service VB de la SNCF fait appel à des motorails pour réaliser ses tournées d'inspections matinales. ici, un VIAL à moteur 'Ultima de 175 cm3, remis en état par les Ateliers de Brive (spécialise "draisines") dans les années 70. ((Photo : (Daniel >tilla)
Ci-dessus : 'Des vélorails de ce genre avaient précédé motorails et 2CV .Ici, un vélorail Tuai, encore utilisé par la SNCF dans les années 50. (Photo : 'DR)
Ci-dessus : La "2CV," en état d'origine dans les gorges de la Cère, avec son conducteur de draisines.
Très rapidement, toutes ces 2 CV disparaissent, ou plus probablement, cessent leur utilisation sur les rails pour être reconverties à l'emploi sur route. Toutes, sauf une, qui va connaître une longévité extraordinaire, puisqu'elle va passer le cap des années 70 !
Elle stationne dans un abri en gare de Laroquebrou. Sa mission est de visiter les gorges de La Cère jusqu'à St-Denis-Près-Martel avant le passage du premier train afin de prévenir toutes chutes de pierre — fréquentes sur la ligne.
Dur service pour son conducteur attitré qui se lève dès la fin de la nuit pour une prise de service permettant un départ à 5h00 (du matin !).
La tournée complète est longue de 50 km, à accomplir dans le vacarme du petit bicylindres Citroën à refroidissement par air.
La progression est lente puisque la vitesse limite sur rail n'excède pas les 25 km/h.
Un puissant phare orientable est installé sur le pavillon de la fourgonnette, qui éclaire les rochers menaçants.
A la fin des années 60, les phares routiers d'origine (lanternes/codes/pleins phares) sont complétés par deux feux de draisine donnant les régimes ferroviaires "fanal" et "projecteur' :
Finalement, la Citroën 2 CV de Laroquebrou est réformée, la pose de filets électriques de détection de chutes de pierres enclenchés sur la signalisation permettant de se passer de la tournée matinale vérifiant l'état de la voie.
Correspondances Ferroviaires n°23 - 61